L'être humain face au Nouveau
Le devoir d'examiner
Un grand écrivain classique français a dit, avec justesse que l'être humain se doit d'être, face à l'expérience de la vie, comme une "cire vierge". Il entendait par là qu'il doit être capable d'accueillir le Neuf sans prévention afin de pouvoir réellement l'expérimenter en lui-même.
Une telle attitude ne signifie pas aveuglément tout "gober" sans faire preuve de discernement; elle signifie, sans faire de barrière avec le mental, tout accueillir en soi, exactement comme le fait un enfant, avec naturel et spontanéité, de sorte à pouvoir l'expérimenter à l'intérieur.
La justesse d'une assertion ne peut, en effet, pas être reconnue avec l'intellect (le mental) mais seulement avec l'intériorité de l'être, avec la voix intérieure, l'intuition, qui est le mode d'expression de l'esprit dans l'être humain.
Si, à cause de la présomption, dans l'illusion de déjà savoir, l'intellect - ou le mental - fait, d'emblée, obstacle à la pénétration d'une idée nouvelle à l'intérieur, de l'être, alors cette idée nouvelle est aussitôt écartée, avant même que l'esprit - c'est-à-dire l'être réel - ait eu la possibilité de faire l'expérience de cette assertion.
Or sachant que seul l'esprit - telle une ardente Flamme - est capable de reconnaître la Vérité, que se passe-t-il si l'intellect fait écran et empêche les in-formations de pénétrer à l'intérieur?
En dépit de cette nécessité d'ouverture la reconnaissance de la Vérité n'en est pas moins extrêmement rapide, car l'intuition soupèse à la vitesse de l'éclair. C'est, au contraire, les pénibles et laborieuses approches intellectuelles qui sont grandement compliquées et dévoreuses de temps.
Goûter un aliment ne signifie pas encore l'avaler, cela signifie accepter de le mettre dans sa bouche, afin de déjà en expérimenter la saveur. Il se peut qu'à l'issue de cette première expérience le goûteur décide de re-cracher la nourriture qu'il ressent ne pas lui convenir, mais au moins prend-il cette décision suite à une expérience - et donc à une vérification - personnelle et non à la suite d'un préjugé ou d'une attitude de fermeture a priori.
Il n'est pas dit par là que tout doit être expérimenté à fond sans aucun discernement. Si, par exemple, un mets est visiblement avarié (moisi, pourri) et qu'il répand une odeur pestilentielle, il n'est, heureusement, pas nécessaire, en plus de ces premières expériences visuelle et olfactive, de faire une expérience gustative pour savoir très vite que cette nourriture est mauvaise et ne peut-être que préjudiciable.
De même, il n'est pas nécessaire d'aller voir un spectacle ou un film présentant avec complaisance des mœurs dépravées pour vérifier qu'il s'agit là d'un ouvrage ténébreux; le plus souvent, le titre, l'affiche, la présentation, suffisent déjà largement pour comprendre - et surtout ressentir - immédiatement de quoi il retourne. La raison pour cela est que les ténèbres (l'ombre, l'obscurité) sont contraintes de se manifester selon un genre qui n'appartient qu'à elles.
L'Intuition, avec la certitude de l'Evidence naturelle, permet déjà de reconnaître le genre détourné de la Lumière de l'ouvrage et, tel un salutaire "instinct de survie", incite clairement à se détourner de ce qui ne peut, en définitive, apporter que souffrance et déchéance.
Et c'est ainsi que, parmi tout le reste, l'être humain qui y aspire arrive enfin, un jour, à rencontrer, sur son chemin, ce qui est infiniment Précieux et est capable d'illuminer sa vie à jamais!